En septembre 2025, l’Association Portugaise des Paris et Jeux en Ligne (APAJO) a réagi vivement contre les propositions visant à interdire la publicité pour les jeux d’argent au Portugal. Ces propositions, avancées par le parti de gauche Livre, cherchent non seulement à limiter la publicité mais aussi à restreindre les parrainages sportifs liés aux jeux de hasard.
APAJO souligne que la publicité est « le seul moyen » de différencier les opérateurs agréés de ceux illégaux. Selon l’association, sans publicité, il deviendrait de plus en plus difficile pour les consommateurs portugais de faire la distinction entre les plateformes sécurisées et celles non régulées. Cette inquiétude est partagée par d’autres, notamment en citant l’exemple de l’Italie. Le Décret Dignité italien, qui interdit la publicité pour les jeux d’argent, aurait alimenté un marché noir florissant, aujourd’hui estimé à un milliard d’euros par an selon l’Association Européenne des Jeux et Paris (EGBA).
APAJO critique sévèrement le parti Livre, l’accusant de « manque évident de connaissance sur le sujet » et qualifiant ses propositions de biais idéologique ou personnel, ainsi que d’opportunisme politique.
Le marché des jeux au Portugal a pourtant connu un regain en 2025, générant 287 millions d’euros de recettes brutes entre avril et juin, soit une augmentation de 9,6 % par rapport à l’année précédente. Cependant, un problème persiste : environ 40 % des joueurs portugais continuent d’utiliser des plateformes non agréées.
Le Parlement portugais a accepté de soumettre à délibération cinq initiatives de Livre, notamment les restrictions sur la publicité et le parrainage sportif, l’application d’avertissements obligatoires sur l’addiction et la création d’un système central de libre exclusion.
Face à l’opposition, non seulement d’APAJO mais aussi du parti au pouvoir PSD, qui accuse Livre de pratiquer une politique de « banir, banir, banir », le parti Livre défend son point de vue en affirmant que la prolifération des publicités pour les jeux d’argent « détruit des vies ». Ils soulignent l’impact négatif des publicités constantes sur les personnes en convalescence d’une addiction au jeu, qui sont forcées de « fuir le monde » pour échapper à la tentation. « Réguler la publicité pour les jeux en ligne a pour but de protéger les personnes et les familles, » affirme le parti. « Il ne s’agit pas de prohiber, mais de fixer des règles pour que le profit de certains ne détruise pas des vies. »
Les comités parlementaires devront désormais décider s’ils mettront en œuvre les restrictions publicitaires accrues de Livre ou s’ils adopteront l’approche plus modérée du PSD, axée sur la modernisation des cadres réglementaires avec de nouveaux contrôles et pouvoirs de supervision.
Bien que les préoccupations de protection des consommateurs soient au cœur du débat, certains experts du secteur du jeu estiment que l’interdiction totale de la publicité pourrait avoir des effets contraires. Ils arguent qu’une telle interdiction pourrait pousser les joueurs vers des plateformes illégales qui n’offrent pas les mêmes protections que les opérateurs agréés.
Dans ce contexte, le débat reste vif entre ceux qui considèrent que la publicité est une nécessité pour la sécurité des consommateurs et ceux qui croient fermement que sa restriction est essentielle pour la protection sociale. Les décisions prises par le Parlement pourraient avoir des répercussions considérables sur le paysage du jeu au Portugal, et potentiellement au-delà, en établissant un précédent pour d’autres pays européens confrontés à des problématiques similaires.
Le dialogue entre les différentes parties prenantes continuera probablement d’évoluer à mesure que la législation progresse, les résultats promettant d’être cruciaux pour l’avenir du marché portugais des jeux en ligne.

Bertrand Robert est un rédacteur expérimenté dans le domaine des jeux d’argent en ligne et des casinos en lignes.
