Le 30 septembre 2025, Spelinspektionen, l’Inspection des jeux de hasard de Suède, a annoncé que les licences de jeu doivent assurer une interdiction totale des transactions de crédit pour le jeu à partir du 1er avril 2026. Cette mesure s’appliquera à toutes les formes de jeu, complétant ainsi les révisions de la Loi suédoise sur les jeux de hasard de 2018.
Les licences de jeu ne seront plus autorisées à traiter des transactions provenant de cartes de crédit, prêts, découverts bancaires et options d’achat différé (BNPL). Pour garantir la conformité, les opérateurs devront tester et auditer leurs systèmes de traitement des paiements, en prenant des mesures préventives basées sur le risque pour s’assurer que les fonds des clients ne proviennent pas de crédits.
Les opérateurs devront exclure les cartes de crédit comme options de paiement, mettre en œuvre des outils de surveillance des paiements en temps réel, refuser les transactions suspectes et exercer un « devoir de diligence » lorsque des signes de comportement financier à risque sont détectés chez un joueur.
Spelinspektionen sera l’autorité principale en charge de l’application de l’interdiction, en coordination avec d’autres agences telles que Finansinspektionen, l’Autorité de surveillance financière, et Konsumentverket, l’Agence suédoise de la consommation. Ensemble, elles travailleront à renforcer les normes de jeu responsable et à protéger les consommateurs.
Le contexte du marché montre que la Loi sur les jeux de hasard de 2018, interdisant l’utilisation des cartes de crédit, était jugée insuffisante. Le rapport SOU 2023:38, commandé par le ministère des Finances, a révélé un lien fort entre la dette liée au jeu et les dommages financiers à long terme, concluant qu’une interdiction totale du crédit dans le jeu est nécessaire pour une protection significative des consommateurs.
Cependant, l’industrie, représentée par des associations comme Branschföreningen för Onlinespel (BOS), a exprimé des préoccupations quant aux défis techniques de mise en œuvre de l’interdiction. La distinction entre les transactions par carte de débit et de crédit en temps réel et l’identification des fonds provenant de prêts ou de découverts sont parmi les principales difficultés évoquées.
BOS soutient que la responsabilité de bloquer les paiements à crédit devrait incomber davantage aux institutions financières émettrices de crédit plutôt qu’aux seuls opérateurs de jeux. Ils avertissent que des charges de conformité excessives pourraient inciter les joueurs à se tourner vers des sites de jeu non réglementés.
Pour soutenir l’application de la loi, Spelinspektionen recevra des pouvoirs accrus pour imposer des sanctions légales et administratives. Les opérateurs en infraction pourraient faire face à des pénalités financières, des suspensions temporaires ou même à la perte de leur licence. La transparence sera une priorité, avec des exigences accrues en matière de rapports et une surveillance publique renforcée.
Cette interdiction du crédit s’inscrit dans une initiative plus large du ministère des Finances suédois visant à réduire l’utilisation problématique du crédit à la consommation dans les secteurs à haut risque. Le ministre des Marchés financiers, Niklas Wykman, a déclaré que l’objectif est de prévenir le surendettement, renforcer la protection des consommateurs et assurer une séparation plus claire entre le divertissement et le risque financier.
L’année 2026 s’annonce comme une période de transformation réglementaire pour la gouvernance des jeux de hasard en Suède. En plus de l’interdiction du crédit, Spelinspektionen se verra accorder des pouvoirs d’exécution plus larges pour imposer des sanctions plus élevées.
De nouvelles propositions, présentées par le commissaire aux affaires de la consommation, Marcus Isgren, seront votées au Riksdag. Elles visent à amender des dispositions clés de la Loi sur les jeux de hasard concernant la définition de la participation illégale. Ces changements pourraient permettre aux autorités suédoises d’imposer des pénalités basées sur la « participation réelle » d’un utilisateur suédois, même si les services non autorisés sont opérés à l’étranger.
Ces propositions ont été accueillies favorablement par BOS et les opérateurs agréés, qui les voient comme des outils nécessaires pour améliorer la canalisation et stopper la progression du marché noir. Si elles sont adoptées, ces modifications amélioreront considérablement la capacité de la Suède à réguler l’écosystème des jeux et à protéger les joueurs vulnérables.

Bertrand Robert est un rédacteur expérimenté dans le domaine des jeux d’argent en ligne et des casinos en lignes.
