L’UE Exige Que les Géants Technologiques Américains Protègent les Enfants en Ligne

L’Union européenne (UE) met en œuvre les conditions de la loi sur les services numériques (DSA) pour s’assurer que les grandes entreprises technologiques américaines se conforment aux nouvelles règles strictes destinées à protéger les mineurs des dangers en ligne. Ce matin, la Commissaire européenne à la technologie Henna Virkkunen du Parti populaire européen (PPE) de Finlande a annoncé cette initiative.

En s’adressant aux journalistes au Danemark, Virkkunen a confirmé que quatre demandes d’informations ont été émises à Google, YouTube, Apple et Snapchat, leur demandant des preuves détaillées de la façon dont chaque plateforme protège les enfants contre le contenu nuisible, les environnements dangereux et l’exploitation des données. Elle a souligné que ces mesures visent la responsabilité : « Lorsque des mineurs utilisent des services en ligne, un niveau très élevé de confidentialité, de sécurité et de sûreté doit être assuré. C’est pourquoi la loi sur les services numériques existe. »

Les demandes d’informations font partie d’une stratégie européenne plus large pour appliquer l’article 28 de la DSA, qui oblige les plateformes en ligne à adopter des mesures de sécurité proportionnées pour les mineurs, interdire la publicité ciblée aux moins de 18 ans, et concevoir des services avec la sécurité et la confidentialité par défaut. L’enquête de la commission coïncide avec des réunions continues à Copenhague entre les ministres européens du numérique, où le bloc devrait signer la Déclaration du Jutland, un mandat à l’échelle de l’UE pour renforcer la protection des enfants en ligne et aligner les normes des États membres.

Sous la DSA, les plateformes accessibles aux mineurs doivent prendre des mesures « appropriées et proportionnées » pour restreindre l’exposition aux contenus adultes et nuisibles, y compris l’application de mécanismes de vérification et d’assurance de l’âge pour empêcher les mineurs d’accéder à des contenus pornographiques, de jeux d’argent ou violents. Les plateformes médiatiques doivent contrôler algorithmiquement les recommandations pour éviter d’exposer les mineurs à du contenu politique ou extrémiste, ou à du contenu promouvant l’automutilation, les troubles alimentaires, le jeu ou l’abus de substances. Les règles imposent aux annonceurs et éditeurs de veiller à ce que les produits et campagnes destinés aux adultes ne soient pas ciblés sur les mineurs (ciblage des audiences de plus de 21 ans). Ces règles s’inscrivent dans une initiative européenne plus large visant à rendre les environnements numériques « sécurisés pour les enfants par conception », alignant les mesures de sécurité en ligne sur les normes de consommation et de diffusion de longue date.

Indépendamment de la DSA, de nombreux pays européens développent leurs propres normes législatives pour les environnements numériques. Le Royaume-Uni, avec sa loi sur la sécurité en ligne (anciennement projet de loi sur les préjudices en ligne), a déjà établi un précédent national pour la régulation des médias sociaux et la responsabilité des plateformes. Parallèlement, la France, l’Allemagne et le Danemark avancent chacun des lois nationales distinctes : l’exigence de consentement parental pour les moins de 15 ans en France, le modèle allemand d’application de la loi contre les discours de haine NetzDG, et les restrictions proposées par le Danemark sur l’accès des jeunes aux réseaux sociaux. Chacune de ces législations diverge en termes de portée, d’application et de définition du « préjudice en ligne », illustrant que le paysage réglementaire européen pour la sécurité numérique se fragmente même si l’UE cherche un alignement à l’échelle du bloc sous la DSA.

Alors que la DSA est devenue un pilier de la gouvernance numérique en Europe, les géants technologiques américains ont à plusieurs reprises remis en question son application, avertissant qu’elle impose des coûts de conformité élevés sur des marchés européens fragmentés et risque de compromettre l’innovation des entreprises technologiques. Les dirigeants d’Apple, Google, Microsoft et Snap ont soutenu que certaines dispositions s’apparentent à un empiétement réglementaire, restreignant potentiellement la liberté d’expression et forçant les plateformes à appliquer des politiques de modération incompatibles avec les normes du Premier Amendement des États-Unis.

Les tensions ont atteint de nouveaux sommets lorsque l’administration Trump a cité la DSA comme point de discorde dans ses négociations commerciales avec l’UE, liant même son application à de plus larges tarifs sur les exportations européennes où le président Trump insiste pour que la technologie américaine soit exemptée de ces règles. Depuis l’introduction de la DSA en 2022, les entreprises technologiques américaines s’y sont largement conformées, mais beaucoup s’inquiètent de l’expansion du champ d’application de la réglementation et de l’augmentation des coûts de conformité, se demandant si son mandat est efficace face aux lois individuelles des États membres.

Les régulateurs américains, y compris la Federal Trade Commission (FTC), ont également mis en garde les entreprises américaines contre l’application de règles de modération de type DSA d’une manière qui pourrait entrer en conflit avec les protections de la liberté d’expression nationales. Malgré ces frictions transatlantiques, les dirigeants européens, dirigés par la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, soutiennent que la DSA reste le meilleur instrument pour défendre les droits numériques et la confidentialité des citoyens de l’UE. S’exprimant sur la Déclaration de l’UE sur les droits numériques et les principes, von der Leyen a déclaré que les droits avancés dans notre déclaration sont garantis pour tout le monde dans l’UE, en ligne comme hors ligne. Les principes numériques énoncés dans la déclaration nous guideront dans notre travail sur toutes les nouvelles initiatives.

Bruxelles reconnaît les incohérences dans la mise en œuvre nationale, mais insiste sur le fait que l’application s’améliore à mesure que les équipes des services numériques de la commission étendent leur mandat de supervision. Pour l’instant, l’UE ne cite aucune menace de sanctions contre les géants technologiques américains. Cependant, la commission a averti que des enquêtes formelles pourraient suivre si les réponses aux demandes d’informations sont incomplètes ou ne démontrent pas une conformité crédible avec les normes de protection de l’enfance de la DSA. Que Apple, Google, Snap et YouTube se conforment pleinement ou non aux dernières ordonnances technologiques de l’UE déterminera probablement le ton des relations numériques entre Washington et Bruxelles dans les mois à venir.

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