Novomatic poursuit inlassablement la prise de contrôle d’Ainsworth Game Technology (AGT) en prolongeant la date limite de son offre de rachat hors marché. Selon un dépôt auprès de l’Australian Securities Exchange, l’offre inconditionnelle de l’entreprise autrichienne est désormais prolongée jusqu’au 3 décembre, après avoir été initialement fixée au 3 novembre.
Cette décision intervient quelques semaines seulement après que Kjerulf Ainsworth, fils du fondateur d’AGT, a lancé sa propre offre partielle pour accroître son contrôle sur l’entreprise. Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’un différend de longue date entre les deux parties.
En avril, Novomatic avait initialement proposé d’acquérir la totalité d’AGT en offrant aux actionnaires 1 AU$ par action. Cependant, cette proposition a été annulée en raison de l’opposition de certains actionnaires majeurs, dont Ainsworth, qui a accusé l’entreprise autrichienne de sous-évaluer les actifs immobiliers d’AGT aux États-Unis.
Depuis, Novomatic a poursuivi son offre hors marché, augmentant sa participation à 61,5 % au moment de cette rédaction. En réponse, Ainsworth a offert aux actionnaires existants 1,30 AU$ par action dans le but d’augmenter sa participation de 7,27 % à 9,9 %. Toutefois, l’offre d’Ainsworth a déjà été rejetée par Novomatic, ce qui signifie que le nombre maximal d’actions qu’il peut acquérir sera inférieur à 1 % du total des actions d’AGT.
Parallèlement aux contre-efforts d’Ainsworth, la tentative de rachat de Novomatic a été compliquée davantage par la démission de Harald Neumann, PDG d’AGT. Anciennement chez Novomatic, Neumann espérait diriger le rachat, mais sa position a été remise en question après que le Nevada Gaming Control Board (NCGB) a informé AGT de retirer sa demande de licence.
Lors d’une audience publique devant le conseil, les membres ont interrogé Neumann sur des accusations de tromperie envers les agents régulateurs, de suppression de dossiers téléphoniques et de mensonge lors d’une demande de visa américaine. Ils l’ont également accusé d’être hostile et belliqueux envers les agents menant le processus de vérification, notant qu’il n’avait pas fourni de réponses directes lors de l’audience.
Ryan Comstock, directeur des opérations d’AGT, a pris la relève en tant que PDG par intérim jusqu’à ce qu’un remplaçant permanent soit trouvé.
L’industrie du jeu, en plein essor, a été témoin de nombreuses prises de contrôle et fusions ces dernières années, reflet d’une consolidation croissante pour capter une part de marché plus importante. Dans ce contexte, la stratégie de Novomatic semble être une tentative audacieuse de s’affirmer parmi les leaders du secteur. Une source proche de l’affaire a laissé entendre que Novomatic voyait en Ainsworth une occasion unique de renforcer sa présence en Amérique du Nord. « Ils ne reculeront devant rien pour obtenir ce qu’ils veulent, » a-t-elle noté de manière informelle.
Cependant, certains analystes du marché soulignent que l’approche agressive de Novomatic pourrait se retourner contre elle. Selon eux, l’opposition farouche rencontrée, tant de la part d’Ainsworth que d’autres grands actionnaires, témoigne de l’incertitude quant à la véritable valeur de l’entreprise sous sa direction actuelle. Un observateur du marché a suggéré que « Novomatic pourrait bien avoir sous-estimé l’attachement des actionnaires à la vision originale d’Ainsworth pour l’entreprise ».
Cette affaire reflète des dynamiques de pouvoir complexes dans le secteur du jeu, où les enjeux économiques sont élevés et les stratégies d’acquisition peuvent rapidement devenir litigieuses. L’issue de cette situation pourrait bien redéfinir les contours du marché, non seulement en Australie mais aussi sur le plan international. Pour l’instant, l’industrie suit de près chaque développement, consciente que l’équilibre des forces pourrait basculer à tout moment.

Bertrand Robert est un rédacteur expérimenté dans le domaine des jeux d’argent en ligne et des casinos en lignes.
