Les Avertissements des Opérateurs de Jeu Face à la Crise Budgétaire du Royaume-Uni

Le 24 novembre 2025, à l’approche du Budget d’Automne de Rachel Reeves, les fuites et les pressions des lobbies se sont multipliées, alimentant ainsi les craintes de nombreux secteurs, y compris celui des jeux d’argent.

Alors que nous ne sommes qu’à quelques jours de la découverte du sort de l’industrie du jeu face à de nombreuses spéculations sur une éventuelle hausse des taxes, nous revenons sur les déclarations clés émanant de certains des plus grands opérateurs du secteur iGaming au Royaume-Uni.

« Décimés par les fermetures »

Fred Done, le propriétaire de Betfred, a confié à la BBC qu’une éventuelle augmentation de la taxe sur le jeu représenterait « la plus grande menace pour l’industrie en 57 ans », à un moment où les commerces de proximité au Royaume-Uni sont « décimés par les fermetures ». La directrice générale de l’opérateur, Joanne Whittaker, a également souligné dans The Sunday Times que le Trésor sous-estime le rôle économique du jeu de détail, expliquant que Betfred se prépare au pire des scénarios car « les personnes du Trésor ne comprennent pas notre activité ».

« Le pari moyen dans nos magasins est de 9 £. Les gens viennent discuter, prendre un café et profiter d’un petit pari. Nous offrons un environnement sûr et confortable pour ceux qui souhaitent parier de manière responsable. Nous ne sommes pas le fléau de notre société. »

Prolifération des fermetures de magasins

En octobre, Evoke a averti qu’il pourrait être contraint de fermer entre 120 et 200 boutiques de paris William Hill, mettant en péril jusqu’à 1 500 emplois. Lors de l’appel sur les résultats du deuxième trimestre d’Evoke en août, le directeur financier Sean Wilkins a demandé une « approche équilibrée » en ce qui concerne les augmentations fiscales potentielles.

« Une augmentation de la taxe au-delà d’un certain seuil entraîne une croissance du marché noir, ce qui se traduit par moins de recettes fiscales et une absence totale de protection des joueurs, ce qui va à l’encontre des objectifs du gouvernement. Ce n’est pas une supposition, c’est prouvé aux Pays-Bas », a-t-il déclaré.

Sky Bet se prépare

Flutter Entertainment semble confiant quant à sa capacité à s’appuyer sur son élan actuel au Royaume-Uni pour naviguer dans les vents contraires potentiels du marché. En réfléchissant aux résultats du troisième trimestre de l’opérateur, le PDG Peter Jackson a déclaré que Flutter reste « en contact avec les décideurs politiques et s’attend à ce que les décisions soient fondées sur le mérite économique ».

Jackson a ajouté qu’il espère que « la contribution substantielle de l’industrie aux recettes fiscales du Royaume-Uni et à l’emploi » sera prise en compte, mais que si la taxe augmente, il croit que la position de leader de Flutter sur le marché et son envergure inégalée lui permettront de mitiger l’impact, comme cela a été démontré par le passé. L’entreprise a annoncé la fermeture de plusieurs boutiques Paddy Power à travers le Royaume-Uni et l’Irlande en raison de l’augmentation des coûts et des conditions de marché difficiles, entraînant la fermeture de 57 magasins au total.

Flutter UKI a confirmé à SBC News que 247 emplois sont en péril, dont 128 au Royaume-Uni, avec des opportunités de soutien et de redéploiement pour les employés impactés, lorsque cela est possible. « À la lumière des pressions croissantes sur les coûts et des conditions de marché difficiles, nous pouvons confirmer que nous fermerons 29 magasins au Royaume-Uni (y compris un en Irlande du Nord) et 28 en Irlande d’ici le mois prochain », a déclaré un porte-parole de Flutter UKI.

« Nous révisons continuellement notre réseau de magasins, mais cela reste une partie clé de notre offre pour les clients, et nous cherchons à innover et investir là où nous le pouvons pour nous adapter aux différentes tendances et besoins des clients. »

Flutter a récemment confirmé que plusieurs rôles commerciaux et marketing ont été transférés à Malte, une nécessité pour « opérer plus efficacement » et réduire les coûts selon les employés de ses opérations UKI. « Flutter a payé plus de 700 millions de livres en taxes au HMRC l’année dernière et emploie plus de 5 000 personnes à travers le Royaume-Uni, dont presque 2 000 à Leeds et 600 à Sunderland », a déclaré un porte-parole de Flutter UKI à iGaming Expert.

« Comme la plupart des entreprises mondiales, nous luttons constamment pour rester compétitifs et efficaces et nous donner les meilleures chances de succès dans un environnement incroyablement difficile. Le défi est encore plus ardu en raison de la récente révision de la loi sur les jeux d’argent, de la montée en puissance des concurrents illégaux et non réglementés du marché noir, et de la possibilité de hausses fiscales dans le Budget. »

Flutter a clairement indiqué que malgré le déménagement, elle continuera d’être un contributeur à l’économie du Royaume-Uni. Le porte-parole de Flutter UKI a ajouté : « En juin de cette année, après avoir migré Sky Bet sur la même plateforme technologique que nos autres marques, nous avons décidé de déplacer un certain nombre de rôles commerciaux et marketing vers notre centre commercial à Malte – où Flutter emploie déjà plus de 750 personnes. Cette décision a été prise pour plusieurs raisons stratégiques et commerciales et aura certaines implications fiscales. Mais Flutter reste engagé envers le Royaume-Uni et Sky Bet continuera de payer l’impôt sur les sociétés au Royaume-Uni sur ses bénéfices. »

Attention au « marché noir sophistiqué »

La PDG d’Entain, Stella David, a récemment déclaré que l’inclusion des hausses fiscales pour le jeu dans le budget aurait des conséquences importantes pour l’entreprise. « À la fin de la journée, nous voulons créer une entreprise mondiale rentable. Il y a d’autres marchés vers lesquels nous devons nous tourner, car ils sont plus dignes d’investissement. Il y aura des conséquences. Une augmentation fiscale déstabilisante aura un impact déstabilisant sur l’industrie.

« Chaque point d’augmentation fiscale aurait un impact tel que certains magasins deviendraient non viables… il n’y a aucun niveau qui n’ait pas de conséquence, l’ampleur dépend de jusqu’où cela va. » Comme beaucoup d’autres, David croit que l’un des principaux bénéficiaires d’une augmentation de la taxe sur le jeu serait le marché noir.

« Je ne m’attends pas à ce que quiconque dans la rue éprouve de la compassion pour nous ; ce n’est pas leur rôle, mais une personne ordinaire qui aime parier ne peut pas faire la différence entre un site du marché noir et un site réglementé », a-t-elle expliqué. « Les opérateurs du marché noir sont là pour emporter autant d’argent que possible du Royaume-Uni, avec le moins de friction possible. Ils peuvent paraître très sophistiqués et professionnels. Le problème est qu’aucun des bénéfices qu’ils réalisent ne revient en taxes au gouvernement britannique. »

Une menace pesante sur l’entreprise

Le Groupe Rank paie sa « juste part » de taxes, a déclaré le PDG John O’Reilly en octobre, ajoutant que l’opérateur a été en pourparlers avec le Trésor concernant l’impact qu’une augmentation pourrait avoir sur ses opérations. O’Reilly a indiqué : « Les spéculations concernant les changements fiscaux dans le budget à venir pèsent inévitablement sur l’entreprise. Nous discutons avec le Trésor des implications d’un changement fiscal sur la viabilité de nos établissements, le niveau d’emploi, les investissements futurs et les clients.

« L’année dernière, le groupe a généré 44,6 millions de livres de bénéfices après impôts, ayant payé au HMRC et aux autorités locales 188 millions de livres en taxes. Le Groupe Rank, avec son fort accent sur le marché britannique, paie certainement sa juste part. »

Dans l’ensemble, à l’aube du nouveau budget, l’industrie du jeu au Royaume-Uni se trouve à un carrefour, pesant les risques d’une fiscalité accrue contre les défis du marché noir croissant. Tandis que certains opérateurs s’adaptent et se restructurent pour résister à ces nouvelles réalités, d’autres anticipent des perturbations majeures. Pour le moment, le secteur attend avec impatience les décisions budgétaires imminentes qui pourraient redessiner son avenir.

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